Le langage inclusif désigne toutes les pratiques qui permettent une représentation égalitaire des individus dans un discours oral ou écrit. On le réduit souvent à l’écriture inclusive, et parfois même qu’au seul point médian, mais il concerne l’écrit et l’oral, et comprend de nombreuses techniques.
Ce guide vous présente quelques techniques de rédaction inclusive pour avoir une communication qui comporte le moins de biais sexistes possibles.
“Le masculin fait le neutre”
En effet, les études montrent par exemple que l’utilisation du masculin comme neutre entraîne des représentations mentales essentiellement masculines, et par conséquent biaisées de la réalité. Lorsqu’on parle d’ “un médecin”, notre cerveau imaginera plus souvent un homme qu’une femme. De la même manière, si on parle “des musiciens” pour désigner un ensemble d’hommes et de femmes pratiquant la musique, alors notre cerveau imaginera beaucoup plus souvent des hommes que des femmes. Le langage inclusif permet d’éviter ce biais. [1] [2]
L’accord au féminin
Afin de représenter correctement les femmes dans une organisation, on peut accorder les noms, titres et métiers au féminin.
Exemple : éviter d’écrire “directeur” sur l’intitulé de poste d’une directrice.
Les doublets
C’est une technique déjà utilisée dans certains domaines, mais on peut l’étendre à d’autres :
- Les doublets complets : “mesdames et messieurs”, “chères collaboratrices, chers collaborateurs”, “Nous recherchons un administrateur ou une administratrice réseau”.
- Les doublets des déterminants : “La ou le responsable”, “Une ou un collègue”
Les formules épicènes
- Les termes épicènes : “Les personnes candidates”, “les individus concernés”, “les spécialistes”, “les collègues”
- Les noms collectifs : “l’assemblée”, “le corps professoral"…
- Les noms de fonction ou d’unité administrative : “la délégation syndicale”, “la direction”
- Les abréviations (uniquement à l’écrit) :
- le point médian
exemples : “les salarié.e.s”, “ingénieur.e”Note : les parenthèses sont parfois employées à l’écrit pour signifier qu’il peut s’agir d’une femme : par exemple, la mention “Né(e)” sur la carte d’identité française. Nous préférons utiliser le point médian plutôt que la parenthèse car cette dernière hiérarchise le masculin (par défaut) et le féminin (entre parenthèses).
- le point médian
- Les innovations grammaticales
- pronom personnel : “iel” est une abréviation de “il ou elle” (présent dans le dictionnaire Robert)
- pronom complément : “elleux” est une abréviation de “elles et eux”
- pronom démonstratif : “celleux” est une abréviation de “celles et ceux”
exemples : “Les membres du CSE sortent de réunion : iels ont débattu toute l’après-midi”.
Le langage inclusif ne décrit pas des règles mais des outils de la langue française pour inclure le plus de monde dans une communication. Sentez-vous libre d’utiliser les techniques qui vous plaisent et vous conviennent le mieux.
Quelques idées reçues
“Le langage inclusif allonge les textes”
Nous préférons allonger les textes et inclure les femmes dans nos communications.
“L’écriture inclusive rend la lecture difficile”
Il y a peu d’études sur les performances de lecture d’un texte qui utilise des techniques qui changent la graphie du texte. Selon les premiers résultats, cela peut entraîner des difficultés à la première lecture. Mais aux lectures suivantes, les difficultés disparaissent : le cerveau s’est habitué aux nouvelles graphies. [1] [2]
Quant aux troubles dys (dyslexie, dysorthographie…), aucune étude n’a été faite concernant l’écriture inclusive à notre connaissance. Dans notre entourage, plusieurs personnes sont dyslexiques et n’éprouvent pas de problème à lire un texte utilisant des graphies inclusives. Mais nous sommes preneur.euses de témoignages de personnes avec des troubles dyslexiques ou dysorthographiques qui auraient des difficultés avec l’écriture inclusive afin d’adapter nos communications.
Tout ce texte a été rédigé en langage inclusif.
Bibliographie
Voici la bibliographie qui nous a servi à rédiger cet article et qui permet d’aller plus loin :
- [1] Le Guide de la Communication sans sexisme du Haut Conseil à l’Egalité donne une série de recommandations sur la communication sous toutes ses formes (discours oraux, écrits, images etc) :
https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/guide_egacom_sans_stereotypes-2022-versionpublique-min-2.pdf - [2] La chaîne de vulgarisation Scilabus a publié une vidéo qui explique l’intérêt et l’état de la recherche scientifique sur l’écriture inclusive (toutes les sources sont indiquées en commentaire de cette vidéo) :
https://youtu.be/url1TFdHlSI?si=5GOD9S_KDdYYMGN7 - [3] Le Guide de la rédaction inclusive de l’INRS Canadien détaille de nombreuses techniques de rédaction inclusive :
https://inrs.ca/wp-content/uploads/2021/03/Guide-redaction-inclusive-inrs-vf.pdf - [4] Dictionnaire collaboratif qui référence des mots genrés pour en donner l’équivalent sous forme inclusive
https://www.eninclusif.fr/